Le syndrome de la page blanche est bénéfique

Beaucoup de créateurs le redoutent et espèrent toujours ne pas le rencontrer, pourtant, il sera toujours présent lors de la rédaction de vos récits et vos phases de réécriture. De mon côté, j’ai désormais le sentiment qu’il est bénéfique. Il est le reflet de notre état d’esprit et un élément clé de notre processus créatif.

Le syndrome de la page blanche

Le syndrome de la page blanche tant redouté

Il se positionne souvent en haut à gauche de la page de votre carnet, ou il se mue en une terrible barre clignotante sur votre document numérique. Ce dernier agit comme le révélateur du vide que vous ne pouvez combler. Pourtant, il va falloir poser la mine de votre crayon sur la feuille ou faire avancer cet insatiable curseur. C’est une juste frustration que ressent l’écrivain devant ce grand espace blanc. Si certains y voient un désert glacé que vos idées peinent à remplir, je peux vous assurer que c’est faux. Il y a tout un monde qui ne s’est pas encore exprimé.

Le syndrome page blanche est un reflet de votre personnalité

Pourquoi ce blocage intervient si souvent ? Pourquoi peut-il durer si longtemps ? Tout cela dépend de vous et vous seul dans un premier temps. Personne ne viendra vous tapoter sur l’épaule et vous souffler les premières lignes de votre histoire. Tout d’abord, il vous faudra effectuer une petite introspection. Connaissez-vous vous-même. Vous êtes du genre impatient : il faudra apprendre la patience. Vous êtes du genre perfectionniste : il faudra accepter l’imperfection. Vous êtes angoissé : arrêtez de douter de vos capacités. Ainsi, suivant votre profil psychologique, vous serez plus ou moins enclin à rencontrer ce blocage.

Bien avant d’être un auteur de romans, j’avais déjà rencontré ce problème. Je me rappelle l’angoisse profonde que cela générait. Elle est tout à fait légitime. Cette sensation était désagréable au possible. Pourtant, désormais, je la recherche presque. Elle est, pour moi, le signe d’une certaine qualité à venir. En effet, après l’écriture de cinq romans et deux nouvelles, sans compter les innombrables articles et billets publiés, j’ai appris à en faire une force. Ce syndrome est bénéfique, car il est l’expression d’un besoin. Par exemple, l’environnement pour écrire n’est peut-être pas optimal. Prenez le temps d’en juger par vous-même. Regardez-vous votre smartphone frénétiquement à chaque affichage ou rappel sonore pour une notification quelconque ? Pensez à couper ces distractions en activant le mode avion ou ne pas déranger. Vous pourrez difficilement écrire dans un endroit très bruyant ou un lieu où les interruptions sont fréquentes. Dans ces cas de figure, essayer de trouver votre sanctuaire pour l’écriture. Pour ma part, mes voyages en train ont été plus que bénéfiques.

Cette feuille vierge vous questionne, soyez-en conscient. Que souhaitez-vous écrire ? Dans quelle forme ? Dans quel but ? Les réponses ? Vous les avez en vous. Ayez confiance en vous, vous êtes un écrivain ou vous allez le devenir. C’est votre choix. Fuyez le perfectionnisme. Il ne vous mènera qu’à la frustration et à la procrastination. Tous les écrivains rencontrent ce syndrome, il ne disparaîtra jamais. Alors, faites-en votre allié. 

Une limite source de créativité

Ce syndrome de la page blanche fait partie des limites créatrices. C’est une barrière que vous devez surmonter et dépasser. C’est donc bien un élément de votre processus créatif. Les idées vous les détenez, vous les avez agencées dans votre esprit. Il ne reste plus qu’à leur donner une forme. Comme toute œuvre. Ce que vous alignerez sur le papier sera loin d’être parfait. Comme un sculpteur vous allez commencer à tailler cet énorme bloc de marbre. Votre premier jet ne sera que les contours de votre œuvre finale. Ainsi, n’ayez pas de crainte à démarrer votre paragraphe par une répétition ou une autre erreur grossière. Le plus important est de laisser libre cours à votre créativité. Elle a tant besoin de pages blanches pour s’y exprimer. 

Malgré tout, il existe toujours quelques astuces pour favoriser l’émergence d’idées et commencer à écrire. Vous pouvez écouter de la musique qui sera en rapport avec le passage que vous allez écrire. Par exemple, pour l’un des chapitres de Markind Epsilon Eridani Poussières, c’est la bande-son d’Aliens qui m’a accompagné durant un moment. Cela a eu pour effet de me focaliser et de mieux visualiser les scènes dans mon esprit. Un autre conseil, n’hésitez pas à relire la fin du chapitre ou du paragraphe précédent. Ainsi, vous replacez votre esprit dans le contexte. Vous pouvez aussi arrêter d’écrire une scène en plein milieu pour mieux la reprendre le lendemain. Mais dans ce cas, ne laissez pas trop trainer la reprise de l’écriture.

Si malgré tout, votre angoisse est trop forte et que le blocage s’avère sévère, ne vous blâmez pas. Aller faire un tour, une bonne marche d’un quart d’heure suffit. De ma « propre » expérience, la douche est salvatrice. Elle a une fonction libératrice pour ma créativité. Tous les auteurs ont leur propre rituel. Trouver le vôtre, il vous aidera à passer ces moments de doutes. Car le syndrome de la page blanche est parfois synonyme de manque de confiance en soi. Écrire un livre n’est pas une chose aisée, soyez compréhensif et ne vous mettez pas une pression incommensurable. Mon cycle d’écriture est au moins d’un an pour un roman de la saga Markind. Avec cet objectif en tête, je m’organise pour avancer sereinement en planifiant des séances d’écriture. Je place des repères temporels pour me fixer des objectifs réalisables. J’essaie d’adapter au mieux mon équilibre vie professionnelle et personnelle pour me besoin de création.

La leucosélidophobie, un bien terrible mot pour l’angoisse de la page blanche, n’est pas un mal. Je vous assure. C’est au pire un mal nécessaire à votre créativité. Cela s’apparente à un manque d’inspiration, que vous pouvez surmonter facilement. Par exemple, retravaillez votre trame en amont ou écrivez un court descriptif de la scène à venir. Votre imagination se mettra alors à guider vos doigts pour écrire des passages importants et parfois que vous n’aurez pas besoin de réécrire.

Ce matin, je ne savais pas que je terminerais cet article aussi rapidement. Comme quoi, la panne d’inspiration n’a pas eu lieu. Bien évidemment, j’ai aussi eu un petit blocage de l’écrivain en débutant. Je me suis posé deux questions : Pourquoi j’écris ceci et pour qui. Cela m’a permis de retrouver l’inspiration.